Les pestes

Lors de la première exploitation puis sans doute lors de travaux et l’apport de matériel et de matériaux, de nombreuses plantes introduites se sont naturalisées sur l’atoll. Parmi elles, des espèces très nuisibles comme le faux acacia (Leucaena leucocephala, Tecoma stans, Epipremnum aureum) prolifèrent dans l’ancien village, le village actuel et les anciennes zones industrielles. Ces espèces constituent sans doute la menace principale sur cet atoll, en raison des peuplements monospécifiques qu’elles constituent par endroit. A noter que Leucaena leucocephala conduit dans l’ensemble des archipels à la formation de peuplements monospécifiques de grande taille. Cette peste se propage aisément dans le village actuel et le long des pistes. Elle se retrouve notamment à Moumu, dans la partie basse littorale. Cette peste n’est pas la seule. D’autres espèces, notamment des ornementales, se sont largement naturalisées dans l’ancien village et toujours le long des pistes. On retrouve même des espèces réputées fragiles comme Ixora sp. en tapis de quelques m².

En 2016, le constat s’aggrave. Il ressort des prospections de terrains que la zone de l’ancien village et le complexe industriel de Temao sont des foyers de propagation de pestes végétales. Les pestes se développent aussi dans des milieux de forêt primaire. Elles dépassent les zones anthropisées et viennent pousser en lisière des espaces considérés hostiles (Leucaena en zone de feo et de bord de plage, avec les habituels Aito, Tecoma stans). Les abords des pistes de circulation sont souvent envahis par les pestes, et ce, sur une bande de largeur variable, allant de quelques mètres à plusieurs mètres. La présence en bord de route est souvent cantonnée par la végétation indigène mais en certains points, les pestes pénètrent largement dans la brousse indigène

Les zones identifiées en 2016 sont reportées dans la carte de la figure suivante. Elles ne sont malheureusement pas exhaustives. Les zones de développement principal des pestes sont celles des habitations, du port et des pistes mais aussi des vestiges de l’exploitation des phosphates (hors carrière). Ces zones sont très proches géographiquement de celles des mesures à réaliser et des sites pressentis pour l’exploitation des roches. La conquête par les pestes le long des pistes de circulation et dans l’ancien village est la plus impressionnante. Les espèces bénéficient d’un sol plus favorable et d’un meilleur ensoleillement. Parmi les points les plus inquiétants, nous notons : la progression du faux pistachiers (Syzygium cumini) ceinturant le village et présents avec une forte densité en bande littorale, la forte proportion de pestes dans les deux plaines littorales de Moumu et de Temao, avec historiquement les aito (Casuarina equisetifolia), et plus récemment, Leucaena leucocephala et Tecoma stans, la capacité de Leucaena leucocephala à se développer et créer des bois monospécifiques, y compris dans les zones de feo et en poussant sur des blocs coralliens sans sol classique, le développement spectaculaire de Tecoma stans, assez cantonné en 2012 mais dont l’extension est géographiquement plus importante que le faux acacia dans les zones comportant un sol, le caractérère monospécifique des peuplements à Epipremnum aureum, qui masque totalement le sol et remonte sur les arbres et arbustes, étouffant toute autre végétation. D’autres plantes herbacées ou lianescentes sont présentes, parfois spectaculaires sur des petits bosquets mais leur développement est très largement inférieur, la présence dans les falaises de Temao de Leucaena leucocephala et Tecoma stans qui s’insérent dans les failles et les blocailles, modifiant totalement le paysage de la zone.

Le développement des pestes végétales est fortement préoccupant. Il conduit à un bouleversement important du paysage botanique. La propagation dans les zones exploitées par la CFPO est lente, le milieu restant hostile pour la plupart de ces plantes, mais la forêt à Homalium est plus sensible, les sols étant plus favorables.